Texte d’Alain Rey (sur Montaigne) : texte non analysé avec le groupe 1

Mai 20, 2009

Répondez aux questions suivantes en consultant les ouvrages de référence (Le Bon Usage, la Grammaire méthodique du français, etc.).  

 

D’après ce qu’il raconte (1), vivant en milieu clos (2), le jeune Michel n’entendit pas de français ni même de « périgourdin » avant l’âge de six ans. On peut imaginer le décalage qui en résulta vis-à-vis de son entourage, et la relation complexe au français que ce fait engendra chez lui (3). Alors qu’on donnait en exercice de « thème latin » aux autres élèves de son collège des textes en français à traduire (4-5-6), on était contraint, dans son cas, de modifier l’exercice, et de lui donner, plutôt que du français, un texte en « mauvais latin » qu’ (7) il avait pour mission de corriger en latin « pur ». L’un des effets de cette éducation étrange fut, aux yeux du principal intéressé , un apprentissage miraculeux du latin (18), « sans art, sans livre, sans grammaire ou precepte, sans fouet et sans larmes » ; et qui plus est (8) un latin pur, correct, ce qui (9) n’est pas sans importance en ces temps. Que l’éducation ainsi dispensée ait eu valeur d’exemple ou ait contribué à le marginaliser (10), cela est discuté par Montaigne lui-même dans les Essais ; on craignait parfois de l’ « accoster », dit-il (11), particulièrement les adultes lettrés…

Toujours est-il que Montaigne semble avoir retenu de cette expérience un excellent souvenir de l’apprentissage du latin (12). La pédagogie scolastique des langues anciennes, en revanche, n’a pas retenu ses faveurs. Pourtant son père, qui avait décidé de lui faire apprendre le grec « par art », avait choisi d’expérimenter avec lui une méthode innovante et audacieuse, qui consistait principalement en jeux (dans l’apprentissage des déclinaisons, par exemple, un peu à la manière de ce que pratiquera au XXe siècle Wittgenstein dans son collège d’Autriche), et dans l’utilisation du grec pour enseigner d’autres matières, les mathématiques par exemple. Montaigne reconnaît que son père procéda tout en douceur, sans contrainte, et avec beaucoup de tact (13-14). Mais, dit-il, la méthode fut un échec, et le Montaigne adulte estime qu’il n’a du grec « quasi du tout point d’intelligence » (15). De cet échec, Montaigne rend responsable sa constitution, qu’il qualifie de « champ stérile » pour l’apprentissage des langues : esprit lent, invention « lasche », un « incroïable defaut de memoire » (16)… C’est ainsi que son père, se rangeant aux idées du plus grand nombre, suivant « ceux qui vont devant, comme les gruës », dit Montaigne, envoya vers l’âge de six ans le jeune Montaigne au collège de Guyenne, considéré comme « le meilleur de France » (17).

 

Alain Rey, Mille ans de langue française. Paris,

Perrin, 2007, p. 582.

 

 

(1)   Analyser cette proposition. 

(2)   Analyser ce syntagme. S’agit-il d’une proposition participiale ? Argumentez.

(3)   Analyser cette proposition.

(4)   Analyser cette proposition.

(5)   […] en exercice « de thème latin » : analyser ce syntagme.

(6)   Analyser le mot aux.

(7)   Analyser le qu’.

(8)   Analyser ce syntagme.

(9)   Analyser ce qui.

(10)           Analyser cette proposition et justifier l’emploi du mode subjonctif.

(11)           S’agit-il d’une incise ou d’une incidente ?

(12)           Analyser ce syntagme.

(13)           Analyser cette proposition.

(14)           […] tout en douceur, sans contrainte et avec beaucoup de tact. Analyser ces syntagmes.

(15)           Analyser cette proposition.

(16)           Analyser tous les syntagmes de cette proposition.

(17)           Analyser tous les syntagmes de cette proposition.

(18)           Analyser ce syntagme.

 

Analyse du texte :

 

D’après ce qu’il raconte (1), vivant en milieu clos (2), le jeune Michel n’entendit pas de français ni même de « périgourdin » avant l’âge de six ans. On peut imaginer le décalage qui en résulta vis-à-vis de son entourage, et la relation complexe au français que ce fait engendra chez lui (3). Alors qu’on donnait en exercice de « thème latin » aux autres élèves de son collège des textes en français à traduire (4-5-6), on était contraint, dans son cas, de modifier l’exercice, et de lui donner, plutôt que du français, un texte en « mauvais latin » qu’ (7) il avait pour mission de corriger en latin « pur ». L’un des effets de cette éducation étrange fut, aux yeux du principal intéressé , un apprentissage miraculeux du latin (18), « sans art, sans livre, sans grammaire ou precepte, sans fouet et sans larmes » ; et qui plus est (8) un latin pur, correct, ce qui (9) n’est pas sans importance en ces temps. Que l’éducation ainsi dispensée ait eu valeur d’exemple ou ait contribué à le marginaliser (10), cela est discuté par Montaigne lui-même dans les Essais ; on craignait parfois de l’ « accoster », dit-il (11), particulièrement les adultes lettrés…

Toujours est-il que Montaigne semble avoir retenu de cette expérience un excellent souvenir de l’apprentissage du latin (12). La pédagogie scolastique des langues anciennes, en revanche, n’a pas retenu ses faveurs. Pourtant son père, qui avait décidé de lui faire apprendre le grec « par art », avait choisi d’expérimenter avec lui une méthode innovante et audacieuse, qui consistait principalement en jeux (dans l’apprentissage des déclinaisons, par exemple, un peu à la manière de ce que pratiquera au XXe siècle Wittgenstein dans son collège d’Autriche), et dans l’utilisation du grec pour enseigner d’autres matières, les mathématiques par exemple. Montaigne reconnaît que son père procéda tout en douceur, sans contrainte, et avec beaucoup de tact (13-14). Mais, dit-il, la méthode fut un échec, et le Montaigne adulte estime qu’il n’a du grec « quasi du tout point d’intelligence » (15). De cet échec, Montaigne rend responsable sa constitution, qu’il qualifie de « champ stérile » pour l’apprentissage des langues : esprit lent, invention « lasche », un « incroïable defaut de memoire » (16)… C’est ainsi que son père, se rangeant aux idées du plus grand nombre, suivant « ceux qui vont devant, comme les gruës », dit Montaigne, envoya vers l’âge de six ans le jeune Montaigne au collège de Guyenne, considéré comme « le meilleur de France » (17).

 

Alain Rey, Mille ans de langue française. Paris,

Perrin, 2007, p. 582.

 

 

(1) D’après ce qu’il raconte, […] :              proposition relative périphrastique ; complément circonstanciel de comparaison de sens hypothétique.

Attention, il ne s’agit pas d’une incidente, même si on sent un jugement de la part du narrateur. Cependant, la phrase n’est pas interrompue.

 

(2) […] vivant en milieu clos, […] : il ne s’agit pas d’une proposition participiale car le sujet du participe présent n’est pas exprimé ; on a seulement le participe présent suivi d’un COI (selon la NG).

-) participe présent / syntagme verbal ; fonction : épithète détachée.

 

(3) […] que ce fait engendra chez lui : proposition relative déterminative (complément du nom « relation ») ; que = pronom relatif COD.

 

(4) Alors qu’on donnait en exercice de « thème latin » aux autres élèves de son collège des textes en français à traduire, […] : proposition circonstancielle d’opposition (alors que = locution conjonctive de subordination) ;

 

(5) […] en exercice « de thème latin » : syntagme nominal ATT. du COD « des textes…à traduire ».

Il ne s’agit pas d’un complément circonstanciel, car si on supprime ce syntagme, le sens est modifié.  

 

(6) aux : à + les ; déterminant article défini contracté.

 

(7) qu’ : pronom relatif COD du verbe « corriger ».

 

(8) qui plus est : élément incident (comme l’expression figée « qui pis est »), donc élément sans fonction dans la phrase.

L’élément incident est une espèce de parenthèse par laquelle celui qui parle ou écrit interrompt la phrase pour une intervention personnelle.

 

(9) ce qui : pronom relatif nominal introduisant une proposition relative périphrastique.

 

(10) Que l’éducation ainsi dispensée ait eu valeur d’exemple ou ait contribué à le marginaliser : proposition complétive SUJET (§ 1124 BU : la proposition sujet introduite par que et placée en tête de phrase est le plus souvent reprise par un pronom neutre).

 

(11) dit-il : incise ; élément sans fonction dans la phrase.

Les incises sont des incidentes particulières indiquant qu’on rapporte les paroles ou les pensées de qqn. Elles sont reconnaissables à l’inversion sujet + verbe ou, en français populaire, au « que + sujet + verbe »).

 

(12) avoir retenu de cette expérience un excellent souvenir de l’apprentissage du latin : syntagme verbal ATT. du SUJET.

 

(13) que son père procéda tout en douceur, sans contrainte, et avec beaucoup de tact :  proposition complétive COD.

 

(14) tout (adverbe) en douceur (syntagme nominal), sans (préposition) contrainte (syntagme nominal) et avec (préposition) beaucoup de (déterminant indéfini) tact (syntagme nominal) : compléments circonstanciels de manière.

 

(15) qu’il n’a du grec « quasi du tout point d’intelligence » : proposition complétive COD de « estime ».

Comment analysez-vous les syntagmes de cette proposition ? Peut-on considérer que quasi du tout point d’intelligence est ATT. du COI ? NON car on ne peut pas dire « du grec est quasi du tout point d’intelligence »).

du grec est complément du nom de « intelligence » ; quasi du tout point d’ (locution adverbiale) intelligence : syntagme nominal COD.

 

(16) De cet échec (complément de l’adjectif « responsable ») – il dépend de lui), Montaigne rend responsable (noyau du syntagme adjectival « responsable de cet échec », ATT. du COD « sa constitution ») sa constitution (syntagme nominal COD), qu’ (pronom relatif COD de « qualifie ») il qualifie / de « champ stérile » pour l’apprentissage des langues/ (syntagme nominal ATT. du COD « qu’ » ; pour l’apprentissage des langues = complément de l’adjectif « stérile » – pas un complément circonstanciel de but car dépend de l’adjectif « stérile ») : esprit lent, invention « lasche », un « incroïable defaut de memoire » (syntagmes nominaux en apposition ; antécédent : « sa constitution » ou ATT. du COD « champ stérile ») (proposition relative explicative – complément du nom)  

 

 

(17) au collège de Guyenne, considéré comme « le meilleur de France » (syntagme adjectival épithète détachée ; comme « le meilleur de France » = complément de l’adjectif. Il ne s’agit pas d’un ATT. du COI comme dans la phrase : Je le considère comme (=) « le meilleur de France ») : syntagme nominal COI (nouvelle grammaire).

 

(18) un apprentissage miraculeux du latin : syntagme nominal ATT. du SUJET.

Cours du 30 mars sur les belgicismes

mars 29, 2009

Les traits du français de Belgique francophone

Etude des belgicismes

Les belgicismes sont des productions langagières d’ordre phonétique, lexical, syntaxique, morphologique, identifiées, à tort ou à raison, comme étant typiques du français de Belgique.

L’identification des belgicismes se mesure à l’aune du français standard, que l’on peut définir comme une variété de langue dans laquelle tous les membres d’une communauté linguistique acceptent, bon gré mal gré, de se reconnaître. Ce que les francophones ont en commun, ce n’est pas la pratique de la même variété : c’est de pouvoir se reporter à un même modèle idéalisé de langue, qu’ils nomment « le français ». Une langue standard connaît souvent une forte institutionnalisation. On entend par institution linguistique tous les appareils qui déterminent les règles sociales de l’échange linguistique : enseignement, dictionnaires, grammaires, chroniqueurs de langages, organismes gouvernementaux ou non gouvernementaux, législation linguistique, médias audiovisuels, etc. 

 

Belgicismes lies à la morphologie ou à la syntaxe[1]

 Des périphrases verbales :

Avoir bon                                  

Avoir facile/difficile/dur[2]      

 

Ça  ne veut pas  réussir 

Ça ne peut mal

Il n’en peut rien     

 

Des utilisations absolues de verbes transitifs :

courtiser, fréquenter        

purger                         

mettre auprès/ tout près         

ça goûte ?                                

 

Des utilisations de régimes indirects au lieu de régimes directs :

Demander après x             

S’accaparer de x                        

Ça ne lui regarde pas      

 

Des utilisations de régimes directs au lieu d’indirects

Jouer soldat                 

Je l’ai besoin*[3]             

 

Des pronoms :

Vous me direz quoi[4]   

Tout qui                                 

Leur deux[5]                               

Gagner autant par mois          

Il sonne                                   

Il pue                          

Il sent le brûlé             

 

Des prépositions et des conjonctions :

Qu’est-ce que c’est pour un x ?[6]      

Je tiens pour x                         

En rue (archaïsme – cf. en pleine rue)

Endéans 10 jours                           

Aller au coiffeur / au médecin*  

Confiture aux fraises/prunes/abricots

Confiture de fraises/de prunes/d’abricots

Profiter avec le beau temps                  

Mettre à place                           

Avoir des chaussures dans ses pieds (wallonisme)

 

Se fâcher sur qqn                        

Ça fait que                                               

À fait  que                                               

D’abord que                            

 

Des adverbes  :

 

Moi bien (flandricisme – il wel)  

Avoir x francs trop peu                      

Aussi vite (flandricisme – si vite sur zo gauw)                                                                                                  

Là tout de suite                                    

A tantôt                                              

  

Des redondances  :

 Au plus……au plus                            

Trop…. que pour                            

Il y en a de ceux qui       (archaïsme)[7]    

Sur le temps que (+ indicatif)           

Parce qu’aussinon                             

Par après                                             

Quiconque      

Pour moi lire[8]                          

Jouer avec   (flandricisme – Smaakt het ?)   

              

S’accoucher                             

Se divorcer                                           

Non fait                                              

Si fait                                      

Assez bien de                           

Dites-moi une fois                              

 

Des inversions  :

 

Ça, je sais                                            

Avoir de l’argent assez               

 

Des commutations  :

 Faire pour un mieux              

Fort pâle                                             

 

Des locutions idiomatiques  :

 

Il n’y a pas d’avance                      

Renseigner qqch. à qqn                  

S’il vous plaît   

Il se fait que     

Tirer son plan  

Avoir un œuf à peler    

Tourner fou/folle          

Tenir le fou avec qqn          

 

Sur le temps que (+ indicatif)           

Parce qu’aussinon                             

Par après (archaïsme)                  

Quiconque       qui                              

Pour moi  lire                          

S’accoucher                             

Se divorcer                                           

Non fait                                              

Si fait                                      

Assez bien de                           

 

Antéposition de l’épithète adjectif qualificatif  : adjectif + nom

Du sale linge                           

Une propre chemise                       

(influence du wallon et proximité des idiomes germaniques qui privilégient la structure Adj. + Nom)

 

Empiètement de savoir sur pouvoir

 

Belgicismes lies au lexique[9]

 

Le texte ci-dessous[10] qui recèle des particularités lexicales du français de Belgique. Pouvez-vous identifier ces belgicismes ?

 

La vie professionnelle : vocabulaire économique et social

Périodiquement, les employeurs sont tenus de péréquater les salaires, en tenant compte des hausses de l’index. Certains citoyens sont amenés à prester des heures supplémentaires ou à travailler au noir pour arrondir leurs fins de mois. Certains ne touchent que le minimex. De leur côté, beaucoup d’étudiants cherchent à jober dans le secteur de la grande distribution : engagés comme jobistes, ils travaillent comme caissiers, réassortisseurs de rayons ou manutentionnaires.

Il arrive que celui qui désire acquérir un bien doive prêter de l’argent pour payer se maison ou sa voiture. Pour mettre fin au bail de l’habitation qu’il occupe, un locataire donnera son renom (ou renon).

À l’école gardienne, les enfants s’amusent bien. Entre l’heure de midi, les petits font la sieste. Ils disposent chacun d’un coussin avec une taie. L’un ou l’autre fait toujours sa macrale.  A l’école primaire, l’enfant cherche à être dans la manche de l’instituteur.

Le régendat forme les régents qui sont habilités à enseigner dans les classes du degré inférieur du secondaire.

À l’athénée, certains élèves ont dur alors que d’autres brossent les cours. Les bisseurs et les bisseuses ont tendance à voir dans le bon élève un manche-à-balles. Avant l’introduction de l’enseignement rénové ou du rénové, c’étaient les humanités, humanités anciennes de préférence, qui préparaient à l’université où le student suit les cours dans un auditoire. Les informations sont affichées aux valves. Les étudiants se retrouvent pour guindailler et faire des à-fond. On appelle kot la chambre ou le petit appartement loué à un étudiant, dit cokoteur.

Certaines formations complémentaires se fondent sur des prérequis. Avant les examens, on bloque ses syllabus. Selon les universités, c’est la bloque, le bloc ou le blocus. En première candi’, beaucoup d’étudiants sont busés aux examens. Les autres réussissent sans grade (ils n’obtiennent qu’une satisfaction) ou avec grades : dis(tinction), grande dis(tinction) ou la plus grande (distinction). 

A la fin de sa dernière année académique, le professeur ordinaire est admis à l’éméritat.

 

 

Les attitudes et les représentations linguistiques en Belgique francophone

 

Introduction

Les études sur les attitudes linguistiques des Belges francophones

 

Le texte ci-dessous[11] qui recèle des particularités lexicales du français de Belgique. Pouvez-vous identifier ces belgicismes ?

 

 

La Belgique et ses structures : vocabulaire administratif[12]

 

La Belgique est un Etat fédéral qui se compose de trois communautés (française, flamande et germanophone) et de trois régions (wallonne, flamande et bruxelloise). Les problèmes dits communautaires concernent chacune des communautés linguistiques ou les relations entre elles. La Croix-Rouge, par exemple, est communautarisée, ce qui signifie qu’elle a été transférée de la compétence nationale à la compétence de chacune des communautés. Seuls deux de ses centres d’activité qui se rapportent à la communauté flamande et à la communauté française restent bicommunautaires. Les matières résiduaires ne sont pas explicitement de la compétence des communautés et des régions.

A la maison communale, siègent le bourgmestre et les échevins. C’est l’échevin de l’état civil, par exemple, qui remet le livret de mariage aux nouveaux mariés. Il arrive que l’on fête les vingt ans de maïorat ou de mayorat d’un bourgmestre maïeur ou mayeur. Les communes où des facilités sont prévues pour une minorité linguistique s’appellent communes à facilités.

La région bilingue de Bruxelles-Capitale est dirigée par un ministre-président. Un des objectifs pour cette région est d’améliorer l’environnement urbain d’ici à l’an 20054. ainsi certaines communes ont-elles déjà installé des horodateurs et parcmètres qui permettront une meilleure rotation des voitures garées. Afin  de réduire les embouteillages qui asphyxient la ville, on incite plus de navetteurs à se rendre à Bruxelles au moyen des transports en commun. Pour améliorer l’image de marque de la capitale de l’Europe, les hommes du bac ramassent les ordures ménagères entre 19 et 24 heures et on veille à empêcher le surcollage et les panneaux pirates. Sur base d’évaluations, l’on prévoit aussi des subsides pour réparer les bandes de roulage du ring de Bruxelles ainsi que plusieurs drèves à l’entrée de la capitale.

 

 

Une attitude ambivalente à l’égard du français de France  

Une corrélation entre l’insécurité linguistique et le niveau d’instruction

 

Le texte ci-dessous[13] qui recèle des particularités lexicales du français de Belgique. Pouvez-vous identifier ces belgicismes ?

 

 

La vie quotidienne : l’habitation et son entretien

 

Les Belges ne sont pas après leurs sous en ce qui concerne leur maison. Certains habitent une maison bel-étage ; d’autres, une maison unifamiliale, achetée par fois clé-sur-porte. Dans la place de devant, que l’on garnit de postures et de ramasse-poussière, ils ne font plus placer du balatum, mais du tapis plain et, si possible, font aménager un feu ouvert.

La cuisine, qui n’est généralement plus une cuisine-cave, est équipée d’un boiler. La lessiveuse, qui sert à laver les blancs et les bleus, et la calandre sont placées dans la laverie. La ménagère dispose, entre autres, de casseroles, d’une casserole à pression, d’assiettes profondes, de sous-plats et de lèche-plats.

Pour qu’il fasse propre dans la maison, la femme d’ouvrage ou la femme à journée se sert d’un mop qui ramasse les minous, d’une loque à reloqueter et d’une raclette. Elle prend les poussières avec une loque à poussière ou une chamoisette. Elle monte sur une escabelle pour placer les tentures.

 

La norme belge  

Distance par rapport à la norme française

 Distance par rapport aux usages populaires

Le texte ci-dessous[14] qui recèle des particularités lexicales du français de Belgique. Pouvez-vous identifier ces belgicismes ?

 

La vie quotidienne : l’alimentation

Chez le légumier, on trouve de la salade, de la salade de blé, des chicons, de l’endive. On peut aussi acheter les fruits nécessaires pour faire de la compote aux pommes ou de la confiture aux fraises.

Au restaurant, le moule-frites s’impose. En hiver, on apprécie les carbonnades flamandes et le waterzooi. Pour manger un bout, l’on choisit des maatjes, un filet américain ou simplement un steak cannibale avec de l’eau spitante ou une bière belge.

La kermesse, avec ses moulins ou ses carrousels, ses fritures, ses caricoles (ou caracoles), ses croustillons et ses smoutebolles, ses boules, ses stands de tir et ses attractions plaisent aux petits et aux grands, même s’ils doivent faire la file avant d’être servis.  

 Quelques belgicismes  (identiques à ceux du syllabus de grammaire)

Pouvez-vous indiquer le correspondant de ces belgicismes en français standard ?

– Une année académique :

– Le quart d’heure académique :

– Recevoir les palmes académiques :

– Avoir un grade :

– Etre en affaire (« Elle est tout en affaire depuis que son petit-fils est né ») :

– Faire un à-fond :

Un auditoire :

– L’homologation du diplôme :

– La défense de thèse / du mémoire (de fin d’études) :

– Le promoteur de thèse / du mémoire (de fin d’études) :

– Etre en aveu :

– Entrer en aveu(x) :

– Un ballotin de pralines :

– Il m’en est arrivé une belle :

– la berme centrale :

– moi bien (Ce n’est pas un juillettiste, moi bien !) : 

– une bisbrouille :  

bisser :

– Être bleu de qqn. :

– être en [période de] bloque [en bloc (Bruxelles), en blocus (Louvain)] :

– une chique (à Liège), une boule (à Bruxelles) :

– avoir le brûlant (ou le brulant, RO) :

– être en boni / être en mali :                                         

– le bottin :

– brosser un cours :

– buser qqn. :

– un caddie :

– des carabistouilles :

– un kot :

– tomber comme un cheveu dans la soupe :

– chercher misère à qqn. :

– une clinche :                                                            

– un clignoteur :

– une cloche (au pied) :

– le secrétaire communal :

– la fête communale :

– un copion :                                                               

– un employé bien coté :

– coter un travail :

– « C’est le dernier de tout ! » :

– le déjeuner, le dîner, le souper :

– une dia, des dias :

– un doctorant :

– la femme d’ouvrage :                                                      

– doubler une classe :

– un doubleur :

– Il drache :

– une dringuelle :

– une tirette :                                                               

– Encore un peu j’oubliais les dossiers ! (wallonisme)

– Encore bien qu’il faisait beau !                          

– Endéans un mois                                                    

– un essuie/un essui (pour la vaisselle)                                  

– un torchon (qui sert à nettoyer le sol)                         

– un essuie/un essui                                                    

– un évier (qui sert à se laver)                                      

– se faire mal (de qqn., de qqch.) : Je me fais mal           

de ce chien

– une farde                                                                  

– faire la file                                                                

– un filet américain

– un pain français

– un frotte-manche

– un goulafe                                                                

– une gosette aux cerises

– ça vous goûte ?

– guindailler                                                               

– Il est dix heures quart

– Il est dix heures moins quart

– Je n’en peux rien ! (à Liège)

– S’il vous plaît (plait), s’il te plaît (pour présenter

un objet, offrir qqch.)

– S’il vous plaît ? (pour faire répéter qqch.)

– homologuer un diplôme

– J’ai idée d’aller manger une crème glace

– L’index (des prix)

– Le préfixe (pour les numéros de téléphone)

– Il est jouette                                                             

– un journal de classe

– un kot                                                                      

– un mêle-tout                                                            

– un minerval                                                              

– mofler un étudiant

– minoriser, minorisation (des francophones)

– un navetteur                                                             

– faire de son nez

– une nominette

septante et nonante

– avoir un œuf à peler avec qqn.  

– le parlophone                                                           

– un pensionné (« faux » belgicisme)

– Il y a dix euros trop peu

– un péteux, une péteuse

– jouer un pied de cochon à qqn.  

– à l’avant-plan                                                           

– Tire ton plan !

– du tapis plein [écrit aussi tapis plain]

faire les pauses

poser un acte                                                            

– postposer une réunion

– faire régime                                                              

– prendre les poussières

– la ramassette                                                             

– enlever les plumetions (ou les minous)

– Il ne peut mal                                                          

Je n’en peux rien

– On a bon ici                                      

– J’ai facile en histoire

– Il a difficile ces temps-ci

  J’ai dur                                            

    J’ai le temps long                                        

    Il a mal ses pieds                           

    Mets des chaussures à tes pieds !                

    Il en a après moi                                         

    Il a quelqu’un                                               

    des pralines                                      

    une jatte de café                                          

    demander un livre à prêter                            

    appliquer la priorité de droite                          

    C’est une femme éthique : elle n’arrête pas de        

nettoyer

– Elle raccuse tout le temps !

– Il a tellement couru qu’il n’arrive pas à se ravoir

– le percepteur des postes

– le receveur des contributions

– c’est recta                                                                 

– donner son renon à un locataire

– Pouvez-vous nous renseigner le bon chemin ?

– Remettre son déjeuner

– Consultez les livres repris dans la bibliographie

– Je ne me retourne pas pour si peu

– Prendre le ring

– avoir des ruses avec qqn

– faire des ruses à qqn

– une sacoche                                                              

– un sachet du supermarché

– il a un air saisi                                                          

– une sous-tasse                                                           

– un enfant spitant

– en stoemelings

– subsidier                                                                  

– une action subsidiable

– À tantôt                                                                   

– de la tête pressée

– une tirette                                                                

– tirer une tête                                                            

– tourner à rien                                                           

– la vacature d’un emploi

– rapporter les vidanges au magasin

– un zievereer                                                                         

– un zinneke                                                               

– une zinne                                                     

– zwanzer                                                                   

 

[1] Les belgicismes de prononciation ont été étudiés au cours de linguistique.

[2] Emploi attesté en Normandie et ne Bourgogne.

[3] Présent également dans le registre populaire du français de France.

[4] Emploi attesté dans le Nord

[5] Emploi attesté en Bretagne.

[6] Emploi attesté en Savoie.

[7] En ancien français : assez i ot de ceux.

[8] Emploi attesté dans le Nord et le Nord-Est.

[9] Voir les exercices du syllabus.

[10] Ce texte, construit à partir de phrases relevées dans des journaux et des hebdomadaires parus en 1993 ou 1994, a été publié dans Blampain, D., et al., Le français en Belgique, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1997, pp. 193-199.

[11] Ce texte, construit à partir de phrases relevées dans des journaux et des hebdomadaires parus en 1993 ou 1994, a été publié dans Blampain, D., et al., Le français en Belgique, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1997, pp. 193-199.

[12] Ce texte, construit à partir de phrases relevées dans des journaux et des hebdomadaires parus en 1993 ou 1994, a été publié dans Blampain, D., et al., Le français en Belgique, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1997, pp. 193-199.

[13] Ce texte, construit à partir de phrases relevées dans des journaux et des hebdomadaires parus en 1993 ou 1994, a été publié dans Blampain, D., et al., Le français en Belgique, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1997, pp. 193-199.

[14] Ce texte, construit à partir de phrases relevées dans des journaux et des hebdomadaires parus en 1993 ou 1994, a été publié dans Blampain, D., et al., Le français en Belgique, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1997, pp. 193-199.


Cours du 26 mars 2009 : textes d’Alain Rey et de Claude Hagège

mars 23, 2009

Dans cet extrait d’un ouvrage d’Alain Rey, précisez la nature et la fonction de chaque mot ou syntagme numéroté.

 

 

   On énumère traditionnellement, parmi les facteurs de latinisation (1), le rôle des voies de communication et des villes, l’impact de la vie culturelle et la christianisation, trois éléments auxquels on a d’ailleurs donné trop d’importance (2), selon J. Herman.

   Les villes réunissent certes (3) des marchés où les échanges se font dans un latin souvent simplifié et composite ; les thermes, les théâtres, les écoles et les temples sont autant d’agréments essentiels à la  vie civilisée pour le personnel administratif en poste (4)et attirent la population gauloise dans l’orbite romaine, mais de manière générale, il est trop schématique d’affirmer que le latin a essaimé du sud vers le nord, et de la ville vers la campagne (5). Le latin s’est diffusé à partir de bases locales établies à la fois dans les nouvelles agglomérations et dans les villae (fermes) de type romain. Cette diffusion, à l’œuvre dès les premières décennies de la conquête, s’est faite au contact de marchands, de soldats, de fonctionnaires et d’esclaves au gré de leurs déplacements.

   Quant aux facteurs culturels et scolaires, ils ne concernent que l’élite de la population et non la masse des locuteurs (6). L’éducation de cette élite gauloise était, avant la conquête, assurée par les druides (7). Pomponius Mela, l’auteur du plus ancien ouvrage latin de géographie qui nous soit parvenu (8), nous (9) décrit encore, au milieu  du Ier siècle après J.-C., les druides poursuivant leur enseignement en cachette (10): « Ceux-ci (11) [les druides] déclarent connaître la grandeur et la forme de la Terre et du Monde, les mouvements du ciel ainsi que la volonté des dieux. Ils enseignent à l’élite de leur peuple (12) [nobilissimos] quantité de choses (13), en secret et pendant longtemps (vingt années), soit dans une grotte, soit dans des vallons écartés. » Mais ce système, ne correspondant plus à la civilisation nouvelle (14), dut disparaître. Désormais, l’éducation fut assurée par des maîtres, souvent d’origine grecque.

   César se fit livrer des fils de notables gaulois qu’il envoya de force étudier à Marseille ou à Rome (15). C’est dire l’importance de l’école dans le processus de romanisation de l’élite. On sait par Tacite que l’école d’Autun, créée vers 10 av. J.-C., était fréquentée sous le règne de Tibère, en 21, par « les fils des plus grands personnages des Trois Gaules » (16). Outre Marseille, plusieurs autres ville possèdent des écoles moins importantes comme Lyon, Vienne, Arles, Toulouse, Limoges, et, plus au nord, Reims et Trèves. Sous le règne de Caligula, des concours d’éloquence sont organisés à Lyon. Sous Claude, des Gaulois enseignent les belles lettres dans les écoles qui s’ouvrent en Bretagne (17). Il y a donc (18) incontestablement une assimilation de la culture gréco-latine par les membres les plus éminents de la société gauloise (19), mais son impact sur les pratiques langagières des masses fut sans doute (20) extrêmement limité.

   Enfin, on affirme l’ordinaire que la christianisation de la Gaule, en particulier dans les campagnes à partir de la fin du IVe  siècle, porta le coup de grâce au gaulois : l’association du latin au nouveau culte aurait imposé la langue des Romains, alors que le gaulois, associé à des pratiques païennes (21), aurait été rejeté. Le raisonnement complémentaire, moins souvent tenu, est tout aussi valable (22) : la rapidité de la christianisation des campagnes s’expliquerait alors par le fait qu’on y parlait ou du moins qu’on y comprenait déjà le latin, ce qui aurait facilité grandement la pénétration de la nouvelle foi (23).

   La « paix romaine » (pax romana), période de paix qui se prolongea de la conquête jusqu’à la fin du IIe  siècle (24), rendit la romanisation irréversible (25). Profitant surtout aux classes supérieures et moyennes de la population gauloise, cette paix favorisa la croissance démographique (26) et généralisa l’emploi de l’écrit. Cependant (27), la pression des Goths le long du Danube et celle (28) des Parthes en Orient  accentuent l’instabilité de l’Empire romain (29) et inaugurent ce qu’on nomme la « crise du IIIe siècle », une période de troubles politiques et économiques qui dura environ 90 ans, de l’assassinat de Commode (192) à l’arrivée au pouvoir de Dioclétien (284) (30). Pendant près d’un siècle, les armées firent et défirent les empereurs, à la recherche d’un chef à la fois capable d’enrichir ses soldats et de les mener à la victoire (31).

   La Gaule fut en première ligne, car cette « crise du IIIe siècle » fut surtout la crise du limes (32). En 235, des peuples Suèves formant la ligue de « tous les hommes », les Alamans (Alemani) (33), détruisent le camp romain de Strasbourg (34). A  partir du milieu du IIIe siècle, le rassemblement de grandes armées pour lutter contre les Goths et les Parthes provoque régulièrement le départ des légions en charge du limes, toujours suivi d’incursions de la part des Alamans ou des Francs (35), ces derniers formant une ligue de Germains occidentaux (36-37). Les années 250-275 sont les plus terribles. Le territoire situé entre le Rhin et le limes est abandonné aux Alamans qui parcourent le pays à la recherche de butin. En 258, un groupe de Francs traverse la Gaule pour aller s’installer en Afrique du Nord, tandis que d’autres continuent à ravager la Gaule. Les sources font état d’une soixantaine de villes détruites pendant cette période. Les victoires de l’empereur Probus (276-282) sur les Alamans et sur les Francs rétablissent enfin la paix.

   La crise du IIIe siècle peut être considérée comme un facteur positif du point de vue de la latinisation, car le brassage de population profita le plus souvent au latin. Avec les mouvements de troupes et les invasions germaniques, apparaissent des étrangers dont la langue maternelle n’est ni le latin ni le gaulois (38). Qu’il s’agisse de soldats de troupes auxiliaires d’origine orientale, d’esclaves importés ou des membres de ligues germaniques (39), leur seul moyen de communiquer avec la population autochtone est d’utiliser le latin (40). Contrairement aux facteurs de latinisation très graduels évoqués jusqu’ici, la crise provoque une brusque accélération de l’implantation du latin.

 

Rey, A., (dir.), Mille ans de langue française,

Paris, Perrin, 2007, pp. 26-29.

 

Dans cet extrait d’un ouvrage de Claude Hagège, précisez la nature et la fonction de chaque mot ou syntagme numéroté.

 

Les amants des langues, inspirés par un attachement passionné aux mots, expressions de leur identité (1-2), sont souvent conduits à intervenir directement sur le destin de ce qu’ils aiment. Dans toutes les langues d’Europe, à divers moments de leur histoire, les moyens d’expression ont été renouvelés, afin de répondre aux besoins suscités par des techniques, des conceptions ou des pratiques qui venaient d’apparaître (3). Cette vaste entreprise est tantôt spontanée, tantôt confiée à des experts, sans que ces deux modalités s’excluent nécessairement. Les hommes qui prennent spontanément la charge du destin de leur langue sont des écrivains, des philologues, des folkloristes épris de diversité dialectale (4), ou simplement des patriotes sans qualification professionnelle (5), qui n’ont d’autre mobile que l’attachement au parler maternel (6). Ceux que l’Etat investit officiellement du soin de la langue sont des spécialistes : linguistes, grammairiens, représentants de diverses  disciplines dont la terminologie est en voie d’adaptation à de nouvelles exigences (7). Ils se constituent en commissions d’experts, et leurs décisions revêtent force de loi, bien que les interventions d’individus non mandatés, mais qualifiés et sachant convaincre, n’aient pas moins de portée. Cette action par les deux voies privée et publique couvre bien des domaines : normalisation, c’est-à-dire choix d’un dialecte qui sera réputé norme officielle, dans les nombreux cas où plusieurs sont en concurrence ; fixation d’une forme littéraire, correspondant, le plus souvent, à cette norme supradialectale ; édification néologique, à savoir choix et adoption de termes nouveaux dans des domaines très divers (sciences, industrie, droit, médecine, vie économique et politique, etc. ) ; législation du bilinguisme ou, quand il y a lieu, du plurilinguisme ; dispositions scolaires ; réforme ou, le cas échéant, création d’une écriture (8). Un trait remarquable ici est que l’Europe, où l’orthographe est depuis longtemps, et dans bien des pays, l’objet de soins constants, est le seul continent dont toutes les langues aient une forme écrite, ou du moins l’aient eu, si l’on compte celles qui ne donnent plus lieu aujourd’hui qu’à une littérature orale (sur tous ces points et ceux qui suivent, on trouvera plus de détails dans une autre publication : Hagège, 1983).

   De tous ces domaines, le plus intéressant pour notre propos est la néologie. Pour créer des termes nouveaux, qui deviendront des mots si le consensus des usagers les accrédite, la voie principale est l’emprunt. Comme on l’a rappelé plus haut, les langues du continent ont toutes puisé, directement ou indirectement, au fonds gréco-latin, facteur de cohésion, terreau nourricier de la culture européenne (9). Même le letton, qui appartient au monde balte, assez éloigné du monde roman (10), est friand de mots internationaux dérivés de racines latines (11). L’emprunt peut soit introduire sans modification le terme emprunté, soit le traiter par adaptation à la phonétique de la langue d’accueil. On note souvent, à l’égard de l’emprunt, une attitude nationaliste de rejet : les réformateurs préfèrent alors recourir à des racines locales, ou à des associations de ces racines en mots composés immédiatement analysables pour la plupart des usagers (12): ainsi s’opposent l’opacité mondialiste des mots importés et la transparence nationaliste des mots autochtones (13): ce dernier choix est illustré par l’allemand Fernsprecher (« loin + parleur »), préféré aux deux racines grecques su mot Telephon (14), qui produisent le même sens. La solution nationaliste paraît avantageuse, donnant des termes diaphanes. Pourtant, son inconvénient est évident : un terme que l’on rapporte facilement à des racines connues éveille des associations qui peuvent altérer le sens requis ; alors qu’un terme international opaque, précisément parce qu’il n’est pas lesté de ces références locales, est un instrument adéquat : démotivé (15), il peut s’appliquer à un objet ou à un concept précis. Cependant, la solution nationaliste apparaît comme plus démocratique, du fait qu’elle rend le terme nouveau compréhensible à tout usager ordinaire qui ne connaît pas le latin, le grec ou l’anglais (16). Et dans certains cas, ce sont les propriétés de la langue d’accueil, plus que les tentations chauvines, qui justifient le choix nationaliste : ainsi, l’islandais et le finnois se trouvent posséder, chacun sous une forme distincte, une structure syllabique et un système de sons tels que les termes internationaux y seraient défigurés.

   Mais même lorsque ces contraintes n’existent pas, les réformateurs de nombreuses langues adoptent une attitude nationaliste, limitant l’emprunt et lui préférant le recours aux racines locales. Tel est le cas pour le tchèque, le hongrois, le lituanien, le letton, le grec moderne. Parfois même, une inspiration purificatrice conduit à chasser les emprunts que des circonstances particulières ont accumulés. Tel fut le choix officiel dans les Etats balkaniques, comme on verra plus bas, ainsi que dans certains des lieux nombreux de la Slovénie à la Lettonie en passant par la Bohême, la Slovaquie et la Suède, où l’allemand depuis le Moyen Âge, a pénétré la langue comme il a pénétré, dans le sillage d’un vaste mouvement de conquête, les classes privilégiées de la société.

   L’emprunt n’est pas le seul procédé néologique, si important qu’il soit. On recourt également au calque, aux moyens internes produisant des mots composés et des mots dérivés, ou encore à l’extension de sens, appliquée à un mot déjà existant dans le fonds autochtone. De ces procédés, le premier peut être retenu ici comme illustration de la manière variable dont est vécu le rapport à la langue. Un mot-calque est celui que l’on forme en décalquant un mot étranger à l’aide d’éléments constituants qui, eux, sont autochtones (17), chacun étant  la traduction de l’un des éléments constituants du terme étranger. Autrement dit, la structure est importée, mais le matériau est local.

   Ainsi, dès l’époque classique, la traduction d’ouvrages français, allemands et anglais, dont bien des termes étaient eux-mêmes calqués sur le latin ou le grec, a introduit en russe, à côté d’emprunts directs (amfiteatr, atmosfera, formula, instrument, etc.), de nombreux calques, qui en font une langue slave occidentalisée. On relève, par exemple, pred-rassudok, so-derzat’, calqués, respectivement, sur pré-jugé et sur con-tenir, ainsi que bien d’autres mots, contemporains d’une époque d’affectation francomane que tempéraient en quelque mesure au milieu du XVIIIe siècle, les recommandations du célèbre poète et grammairien Lomonossov (18). Quand, vers le milieu du XIXe siècle, l’idéalisme allemand commença d’intéresser la société cultivée en Russie, alors apparurent, notamment dans le lexique savant, de nouveaux calques, tels que miro-voz-zrenie, sur Welt-an-schauung, soit « vision du monde ». Tous les phénomènes présentés ci-dessus établissent clairement que le recours aux calques, comme l’attitude adoptée dans le débat sur l’emprunt, sont des indices du degré d’attachement nationaliste des usagers à l’égard de leur langue (19).

 

Hagège, C., Le souffle de la langue, Paris,

Odile Jacob, 1992, pp. 179-182.

 

 


Cours du 26 mars : texte d’Alain Rey à imprimer

mars 23, 2009

Répondez aux questions suivantes en consultant les ouvrages de référence (Le Bon Usage, la Grammaire méthodique du français, etc.).  

 

D’après ce qu’il raconte (1), vivant en milieu clos (2), le jeune Michel n’entendit pas de français ni même de « périgourdin » avant l’âge de six ans. On peut imaginer le décalage qui en résulta vis-à-vis de son entourage, et la relation complexe au français que ce fait engendra chez lui (3). Alors qu’on donnait en exercice de « thème latin » aux autres élèves de son collège des textes en français à traduire (4-5-6), on était contraint, dans son cas, de modifier l’exercice, et de lui donner, plutôt que du français, un texte en « mauvais latin » qu’ (7) il avait pour mission de corriger en latin « pur ». L’un des effets de cette éducation étrange fut, aux yeux du principal intéressé , un apprentissage miraculeux du latin (18), « sans art, sans livre, sans grammaire ou precepte, sans fouet et sans larmes » ; et qui plus est (8) un latin pur, correct, ce qui (9) n’est pas sans importance en ces temps. Que l’éducation ainsi dispensée ait eu valeur d’exemple ou ait contribué à le marginaliser (10), cela est discuté par Montaigne lui-même dans les Essais ; on craignait parfois de l’ « accoster », dit-il (11), particulièrement les adultes lettrés…

Toujours est-il que Montaigne semble avoir retenu de cette expérience un excellent souvenir de l’apprentissage du latin (12). La pédagogie scolastique des langues anciennes, en revanche, n’a pas retenu ses faveurs. Pourtant son père, qui avait décidé de lui faire apprendre le grec « par art », avait choisi d’expérimenter avec lui une méthode innovante et audacieuse, qui consistait principalement en jeux (dans l’apprentissage des déclinaisons, par exemple, un peu à la manière de ce que pratiquera au XXe siècle Wittgenstein dans son collège d’Autriche), et dans l’utilisation du grec pour enseigner d’autres matières, les mathématiques par exemple. Montaigne reconnaît que son père procéda tout en douceur, sans contrainte, et avec beaucoup de tact (13-14). Mais, dit-il, la méthode fut un échec, et le Montaigne adulte estime qu’il n’a du grec « quasi du tout point d’intelligence » (15). De cet échec, Montaigne rend responsable sa constitution, qu’il qualifie de « champ stérile » pour l’apprentissage des langues : esprit lent, invention « lasche », un « incroïable defaut de memoire » (16)… C’est ainsi que son père, se rangeant aux idées du plus grand nombre, suivant « ceux qui vont devant, comme les gruës », dit Montaigne, envoya vers l’âge de six ans le jeune Montaigne au collège de Guyenne, considéré comme « le meilleur de France » (17).

 

Alain Rey, Mille ans de langue française. Paris,

Perrin, 2007, p. 582.

 

 

(1)   Analyser cette proposition. 

(2)   Analyser ce syntagme. S’agit-il d’une proposition participiale ? Argumentez.

(3)   Analyser cette proposition.

(4)   Analyser cette proposition.

(5)   […] en exercice « de thème latin » : analyser ce syntagme.

(6)   Analyser le mot aux.

(7)   Analyser le qu’.

(8)   Analyser ce syntagme.

(9)   Analyser ce qui.

(10)           Analyser cette proposition et justifier l’emploi du mode subjonctif.

(11)           S’agit-il d’une incise ou d’une incidente ?

(12)           Analyser ce syntagme.

(13)           Analyser cette proposition.

(14)           […] tout en douceur, sans contrainte et avec beaucoup de tact. Analyser ces syntagmes.

(15)           Analyser cette proposition.

(16)           Analyser tous les syntagmes de cette proposition.

(17)           Analyser tous les syntagmes de cette proposition.

(18)      Analyser ce syntagme.

Cours du 26 mars (2) : rappel (La phrase de base) et texte

mars 23, 2009

La phrase de base  (G.M.F. pp. 388)

Les constituants de la phrase

 

 

 

On appelle phrase de base la phrase qui est

 

 

déclarative (énonciative)

 

 

affirmative (positive)

 

 

active

 

 

neutre

 

 

 

et qui ne possède qu’un seul verbe conjugué

 

 

 

 

 

Déclarative  s’oppose à  interrogative / impérative

Affirmative s’oppose à  négative

Active s’oppose à  passive

Neutre s’oppose à emphatique

 

 

 

On appelle phrase dérivée toute phrase verbale (ou non) provenant de la modification d’une phrase de base. 

 

 

 


 

 

 

Une phrase peut être verbale ou non verbale

 

 

La phrase verbale est construite autour :

 

 

– d’un verbe conjugué

– d’un présentatif (voici, voilà, c’est, il y a, revoici, etc.)

– d’un verbe impersonnel (il est, il pleut, il faut, etc.)

                               

 

 

 

 

 

La phrase non verbale peut être :

 

 

 

– nominale

– infinitive

– adjectivale

– adverbiale

 

 

 

 


La phrase complexe  (G.M.F. pp. 469)

 

 

1) Juxtaposition  (G.M.F.  pp. 519 et ss.)

 

 

Les chiens aboient, la caravane passe.

 

– pas de conjonction de coordination (absence d’un terme relationnel);

– pas de rapport de dépendance entre les éléments reliés (autonomie syntaxique). 

 

Juxtaposition avec corrélation 

 

Plus il riait, plus il s’étranglait.

Il n’a pas présenté ses examens, je le savais.

 

– rapport de dépendance entre les propositions conditionné par la présence d’un indice formel dans la 1re proposition (subordination implicite).

 

 

 

 

2) Coordination 

 

Il est venu et a vaincu.

 

– présence d’une conjonction de coordination  ou d’un adverbe de liaison (présence d’un terme relationnel) :

 

conjonction de coordination : mais, ou, et, or, ni, car

adverbe de liaison (d’abord, ensuite, puis, enfin, cependant, en effet, donc, ainsi, etc.)

 

– pas de rapport de dépendance entre les éléments reliés (autonomie syntaxique). 

 

 

Coordination avec correlation

 

Non seulement il se montre ingrat, mais encore il se plaint.

Certes, il a raison, mais son acharnement le dessert.

Ni le frère ni la sœur ne se sont manifestés.

 

 

– présence d’un indice formel dans la 1re proposition.

 

 

 

 

3) Subordination (G.M.F. pp. 472 et ss.)

 

– présence d’une conjonction de subordination, d’un pronom relatif, d’un pronom interrogatif (présence d’un terme relationnel), à l’exception des propositions infinitives ou participiales (G.M.F. p. 475)

– rapport de dépendance entre les éléments reliés (proposition principale / matrice + proposition subordonnée / enchâssée)

 

 

Subordination avec correlation  (G.M.f. pp. 514 et ss.)

 

Expression de la conséquence (proposition consécutive) :

Elle est tellement volontaire qu’elle réussira.

 

Expression de la comparaison :

Elle ment comme elle respire.

 

Expression d’une temporalité :

A peine était-il entré qu’on l’invita à sortir.

 

 


 

 

Dans cet extrait d’un ouvrage d’Alfred Gilder, indiquez la nature des mots ou des syntagmes soulignés.

 

 

Les derniers des mots hicants

 

La langue de France se consume-t-elle dans la nostalgie de ses richesses d’antan ? Les mots de chez nous ont-ils, à tout jamais, épuisé leur fécondité ou bien (1) ont-ils encore assez de sève pour nourrir notre prose (2) ? En vérité, si les idiomes vivent d’emprunts, le nôtre (3) vit à crédit, jusqu’au (4) surendettement. Parole prémonitoire de Paul Morand, en 1930, « Notre peuple n’a plus qu’ (5) un mot à la bouche : à l’américaine. » L’affaire est d’importance, tant fait rage un certain fléau matériel et moral, soumission volontaire ou inconsciente à tout ce qui nous vient de la puissante et riche Amérique, en particulier (6) les mots, comme au temps où le pavillon accompagnait la marchandise. Pourtant (7), il est sans précédent qu’un grand pays, riche, « développé » et cultivé, soit à ce point victime de sa propre aliénation culturelle.

 

 

Comme le feu, le « franricain » se propage à grande vitesse. Devrions-nous contempler, sans réagir, les ravages de ce « sabir atlantique », déviation langagière, symbole patent de cette aliénation culturelle, ce « désespéranto » que je nomme pentagonal  (8)? Devrions-nous nous résoudre à ce que le franglais soit désormais « la langue de la République » ? Cet (9) entrelangue douteux, pareil à un entremonde bizarre, gonfle et (10) appauvrit notre vocabulaire à force de (11) l’ignorer au profit d’inutiles doublures, d’innombrables et regrettables homonymies, de graphies parfois imprécises, d’hybrides franricains, voire d’ineptes expressions. Par des termes attrape-tout, au squelette desséché, au « signifiant flottant », il obscurcit le langage, semant la confusion dans la prononciation, l’orthographe, le sens (12). C’est l’amère nourricière de notre vocabulaire usuel, salmigondis informe et inappétissant de mots franglais, anglais, américains, ou présumés tels. L’emploi abusif de ce charabia tend à séparer les Français de France des autres francophones. C’est dire que le pentagonal brise le lien magique qui unit tous ceux (13-14) qui ont en commun l’usage d’une même langue universelle, à force d’y introduire à profusion « faux-sens, contresens et non-sens » (Jacques Capelovici).

 

Trois idées fausses gouvernent l’esprit public et dominent les mentalités individuelles, jusqu’à l’imposture : la première voudrait que nous renoncions à notre parler, au motif que (15), à la différence des idiots, les idiomes évoluent, et que le tout-anglais, ou plutôt le tout-américain, offre seul le salut à notre langue immense, millénaire et universelle (16) ; la deuxième, tout aussi insupportable, prétend que les innombrables vocables pentagonaux seraient intrinsèquement supérieurs à leurs équivalents français, fussent-ils  de bon aloi ; la dernière, fort grotesque, soutient qu’il faut « s’adapter » à la mode et céder à la vague du parler exotique (17).

 

Pures calembredaines ! Car (18) le « franricain » de bazar – pas la belle langue anglaise – est terne, ectoplasmique, gélatineux, tristement pauvre et asexué, quand (19) le français, lui, est imagé, coloré, riche, joyeux, envitaillé (20). Quand la France fabrique Ariane, ne disons pas, comme les beaux esprits, « booster », ou alors il faudrait dire aussi « high speed train », et non plus tégévé (21)! Le français n’est pas une question de mode, mais d’éternité. Dieu merci, Rabelais, Racine et Queneau se lisent toujours. Mais pour combien de temps encore (22)? Non contents d’estropier notre langue, les frimeurs la (23) massacrent. Quand ils colportent des américanismes, une parole de philosophe vient à l’esprit : être dans le vent, c’est avoir l’ambition d’une feuille morte.

 

Le temps est revenu, comme au XVIIe siècle, de remettre de l’ordre dans notre vocabulaire, d’en (24) fixer l’orthographe et de choyer les mots. A défaut, la langue française périra, par excès de bâtardise. Avec force, avec une jubilation enthousiaste, et avec tous mes amis, terminologues, officiels et néologues amateurs – dont (25) ce livre rassemble les trouvailles -, je soutiens que notre langue est de France, non de Yankee City ! Puisque (26) les langues évoluent, il n’est que temps de révolutionner le lexique, en ouvrant les vannes de l’imagination sémantique et d’enrichir le vocabulaire de mots nés au logis, de mots destinés à faire mouche et à faire souche, afin que le français reste ainsi une langue vraie, vivante et vivace, une langue de prestige et de modernité, une langue d’avenir (27). Ce combat linguistique procède, en fin de compte, d’ (28) une bataille pour (29) la liberté : liberté d’un peuple, liberté d’une communauté mondiale de langue, liberté d’esprit (30). Il fonde, à bon droit, l’inlassable effort de créativité lexicale. Puissions-nous clamer, comme Victor Hugo, : « Le combat changea d’âme. L’espoir changea de camp ».

 

Alfred Gilder, En vrai français dans le texte. Paris,

le cherche midi éditeur, 1999, pp. 9-10.

 

Cours du 19 mars

mars 23, 2009

 

Les classes de mots (Les catégories)

 

Depuis l’Antiquité, on a pris l’habitude de classer les mots dans des catégories. Chaque catégorie (ou « espèce de mots ») porte une étiquette comme nom, adjectif, verbe

Mais un mot peut changer de catégorie, autrement dit de classe, suivant la manière dont il fonctionne dans une phrase ou dans un groupe.

Les catégories de mots

 

  1. Le nom : peut être précédé d’un déterminant pour former avec lui un groupe nominal (GN).

 

  1. L’adjectif : peut accompagner un nom déterminé et constituer avec lui un GN.

 

  1. Le déterminant : placé devant le nom, il s’accorde avec ce dernier en genre et en nombre ; forme avec le nom le GN.

 

  1. Le pronom : a pour rôle de remplacer un élément (mot, groupe ou phrase).

 

  1. Le verbe : peut être conjugué, donne ainsi des informations sur la personne, le nombre, le mode, le temps, l’aspect et la voix.

 

  1. L’adverbe : peut accompagner un adjectif, un verbe, un autre adverbe, une phrase pour en préciser le sens.

 

  1. Le mot de liaison : mot (ou groupe de mots) qui introduit des éléments ou qui les relie dans la phrase.

Font partie des mots de liaison :

         la préposition,

         la conjonction de subordination,

         la conjonction de coordination.

 

 

 

 

 

Pour une description claire des éléments de la phrase :

         Cherdon, C., Guide de Grammaire française, Bruxelles, De Boeck, 2005.

         Braun, A., Cabillaud, J.-F., Le français pour chacun, Waterloo, Plantyn, 2007.

 

 


Les classes de mots variables

 

 

1. Le nom              G.M.F. p. 167-178

 

 

Les fonctions du nom / du groupe nominal                      G.M.F. p. 147

 

sujet

complément circonstanciel

complément d’objet direct

complément d’objet indirect

attribut du sujet ou du COD

complément du nom

complément de l’adjectif

complément du présentatif ou du verbe impersonnel

apposition (GN apposé)                 G.M.F. p. 190

construction absolue détachée                G.M.F. p. 192                  

 

 

Les catégories de noms              G.M.F. p. 168

 

Nom propre / commun                                           

Nom comptable / non comptable

Nom animé / non animé

Nom abstrait / concret

 

 

 

 

Le genre des noms   G.M.F.  p. 172

 

 

 

 

Le nombre des noms   G.M.F. p. 173

 

 

 


 

 

2. Le pronom                          G.M.F. pp. 192-214

 

 

Les catégories de pronoms

 

Pronoms personnels                          G.M.F. p. 196

Pronoms possessifs                             G.M.F. p. 204

Pronoms démonstratifs                G.M.F. p. 205

Pronoms numéraux                           G.M.F. p. 210

Pronoms interrogatifs                       G.M.F. p. 207

Pronoms relatifs                  G.M.F. p. 208

Pronoms indéfinis                              G.M.F. p. 210

 

 

Formes conjointes et disjointes            G.M.F. p. 200

Formes réfléchies et non réfléchies                G.M.F. p. 202

 

 

 

Le problème de la référence            G.M.F. p. 194

 

 

Pronom représentant et pronom nominal                                             

 

Référence :                 déictique

                                anaphorique

                                cataphorique

                                par défaut


 

 

3. Le déterminant            G.M.F. p. 151

                              

 

Les catégories de déterminants            G.M.F. p. 151

 

 

Déterminants articles

(article défini, article indéfini, article partitif)                G.M.F. pp. 154, 159, 161       

Déterminants démonstratifs                G.M.F. p. 156

Déterminants possessifs                G.M.F. p. 157

Déterminants numéraux                G.M.F. p. 160

Déterminants indéfinis                              G.M.F. p. 161

Déterminant « tel »                 G.M.F. p. 162

Déterminants négatifs                                G.M.F. p. 163

Déterminants interrogatifs                G.M.F. p. 163

Déterminants relatifs                  G.M.F. p. 163

Déterminants exclamatifs                G.M.F. p. 163

 

 

Emploi générique ou spécifique (pour les articles défini et indéfini)                                                                                                G.M.F. pp. 154, 159, 161

 


4. L’adjectif

 

Les catégories d’adjectifs            G.M.F. p. 355

 

L’adjectif qualificatif

L’adjectif possessif

L’adjectif numéral

L’adjectif indéfini

 

Les fonctions de l’adjectif                                        

 

Epithète

épithète détachée

attribut du sujet

attribut du COD

 

 

Le genre et le nombre des adjectifs            G.M.F. p. 358

 

 

 

Les degrés d’intensité                        G.M.F. p. 362

               

 

Intensité faible (préfixes et adverbes) : sous-employé

Intensité moyenne (adverbes) : presque vide

Intensité élevée (préfixes et suffixes, adverbes) : hypersensible

 

 

Les degrés de comparaison                G.M.F. p. 364

 

Comparatif de supériorité : plus intelligent que

Comparatif d’égalité : aussi intelligent que

Comparatif d’infériorité : moins intelligent que

 

Superlatif relatif de supériorité : le plus intelligent

Superlatif relatif d’infériorité : le moins intelligent

 

Superlatif absolu : très intelligent


 

 

Les classes de mots invariables

 

 

1. La préposition   G.M.F. pp. 369-373

 

 

2. La conjonction de coordination             G.M.F. pp. 525-527

 

 

3. La conjonction de subordination            G.M.F.  pp. 474-478

 

 

 

4. L’ adverbe            G.M.F. pp. 375-383

 

Formes et formations de l’adverbe

Exceptions à l’invariabilité

Les degrés de l’adverbe

               

 

 


Dans cet extrait d’un ouvrage d’Alain Rey, identifiez les types de jonctions de phrases et les subordonnées.

 

 

En 1647, paraît un volume qui, entre le sentiment encore flottant des usages qui était celui du début du XVIIe siècle, et l’élan de standardisation et de normativité qui caractérisera la fin du siècle, va jouer un rôle décisif : les Remarques sur la langue française de Vaugelas.

Claude Favre de Vaugelas était né en Bresse en 1585 d’une famille de jurisconsultes. Tôt monté à Paris, il fut associé à la création de l’Académie, dont il fut l’un des premiers membres et, son goût pour les « observations »de langage étant déjà notoire, on avait pensé à lui pour la rédaction du dictionnaire. Il devait s’occuper des mots d’usage courant, le poète Saint-Amant se chargeant des termes « grotesques » et « burlesques ». Toutefois, il mourut tôt (1660), et son successeur au dictionnaire, le spécialiste de l’orthographe Mézeray, n’eut pas l’énergie suffisante pour faire avancer la publication avant sa propre mort (1683). La vie de Vaugelas est assez romanesque. Le sort voulut que, fin connaisseur du langage, il fût précepteur de deux enfants handicapés, dont l’un était muet. Il fréquenta beaucoup les salons, notamment l’Hôtel de Rambouillet, le cercle le plus mondain de l’époque. A la fin de sa vie, il fut acculé à une telle détresse financière qu’il eut recours à des procédés assez extravagants pour se rétablir. Il eut d’abord l’idée de lancer une sorte de loterie, mais celle-ci ayant échoué, il finit par vendre certaines parties de son corps à la médecine. Pour autant, de l’avis général, il fut considéré de son vivant comme le maître de la langue française. De sa traduction de Quinte-Curce en français, parue en 1659, Voltaire dira que ce fut « le premier livre écrit purement ».

                A la Cour et à Paris, Vaugelas se trouvait évidemment en situation de ce qu’on appellerait aujourd’hui une « insécurité linguistique ». Il avait beau être lettré : lui manquait « l’usage », essentiellement l’usage oral – en fait, une norme sociale – pour se faire accepter dans la bonne société. Il fut fasciné par la focalisation qui peut parfois se réaliser autour de certains mots, de certaines tournures, qui attirent à eux un monde de représentations, d’élégance, de prestige. Il entreprit d’en faire des listes, et de se constituer ainsi des manières de « fiches » conçues autour d’un point de détail, dans lesquelles se trouveraient recensées et discutées toutes sortes d’exemples pris dans la conversation et au hasard des lectures. Ce travail, de toute évidence, s’apparentait à celui qui préside à la rédaction d’un dictionnaire, et, dans la préface des Remarques, il s’excuse presque de faire paraître ce qui pouvait ressembler à l’un des projets non encore aboutis de l’Académie.

                La lecture des Remarques peut se révéler aujourd’hui assez déconcertante : on y voit Vaugelas se demander successivement s’il faut dire et écrire lors ou alors, s’il faut construire deux relatifs dans la même phrase, s’il faut dire pluriels ou pluriers, etc. , le tout sans aucun esprit de système. Au XXe siècle, deux reproches essentiels lui ont été adressés. Celui de ne tenir aucun compte de la dimension historique, tout d’abord, ce qui le conduit à considérer le présent de sa langue d’une manière tant soit peu arbitraire ; celui de ne jamais théoriser, ensuite. Il est bien évident que la méthode de Vaugelas manque de conceptualisation et d’effort de rationalisation. En réalité, les Remarques se présentent explicitement comme une sorte d’enregistrement « en vrac » de toutes les particularités de l’usage dont on débattait à ce moment. Dans sa préface, Vaugelas revendique ce caractère désordonné, qui différencie l’ouvrage des grammaires scholastiques et d’enseignement. Il cherche à faire en sorte que son livre se présente comme le travail que n’importe quel observateur aurait pu faire sur ce qu’il lit et entend autour de lui. Il crée ainsi un espace de dialogue avec ses lecteurs – c’est ce qui fit d’ailleurs son succès – dans lequel ceux-ci sont invités pour ainsi dire à contribuer à l’entreprise générale.

                L’une des grandes originalités de Vaugelas fut sans aucun doute la place décisive qu’il accorde à l’oral. Il y a reconnu cette dynamique, cette force, qui donne l’impression qu’on perfectionne le langage en le faisant circuler entre les interlocuteurs. Pour lui, si le français est plus riche et plus beau que les autres langues (préjugé ordinaire à l’époque !), c’est « à cause de la conversation et de la communication des beaux esprits, qui est plus grande en France qu’ailleurs, même avec les femmes ». Vaugelas s’appuie sur l’essor, dans la première moitié du siècle, de tout ce qui est échange, sociabilité, « honnêteté », « monde »… En cela – au sens où il ne s’appuie pas sur les savoirs constitués – il est « moderne ». Il n’est pas exagéré de dire que son regard sur la variation en fait un ancêtre de ce qu’on appelle aujourd’hui la « sociolinguistique ». Vaugelas était véritablement passionné par la physionomie des formes de langage qui tout d’un coup apparaissent dans un espace donné, se disent, puis se voient reconnaître une légitimité. En même temps, il cherchait à faire le tri de ce qu’il appelait les « meilleures » façons de parler, guidé par une idée de la pureté, du « discours pur », qu’il reprenait à certains discours latins, Quintilien, par exemple. Contre les grammairiens, qui ont le tort de vouloir raisonner sur tout, et imposer telle forme plutôt que telle autre pour d’obscures raisons spéculatives, Vaugelas défend l’idée que les langues ne bougent que mues par l’ « usage ». L’usage « maître et tyran des langues », dit-il. D’ailleurs, il n’envisageait pas lui-même que son travail conserverait de la pertinence passés vingt ou trente ans, tant il a conscience qu’en matière de langage, tout se déplace sans cesse.

Rey, A., Mille ans de langue française, Paris,

Perrin, 2007, pp. 677-679.

 

Les subordonnées (théorie) Cours du 5 mars 2009

mars 4, 2009

Les propositions subordonnées

 

 

Nom de la subordonnée                                                                Mot introducteur

 

1.      relatives  Pronom relatif

G.M.F. pp. 479-489                                                           Qui, que, quoi, dont, où (invariables)

– composés de quel : lequel, duquel, auquel, etc. (variables)

 

 

Types de relatives (5) :

 

         déterminative :

Les élèves qui ont terminé leur examen peuvent sortir.

Le roman que je viens de finir est magnifique.

 

         explicative :

Les élèves, qui ont terminé leur examen, peuvent sortir.

Le roman, que je viens de finir, est magnifique.

 

         attributive : (relative, introduite par qui ; attribut du COD des verbes voir, entendre, regarder, écouter, sentir, etc.)

J’ai vu ces étudiantes qui changeaient. Test de pronominalisation : Je les ai vus qui changeaient (-> relative attributive)

Voici un étudiant qui a réussi brillamment son examen. Test de pronominalisation : En voici un qui a réussi brillamment son examen.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         indéfinie : (le référent n’est pas identifiable, du moins pour le récepteur ; le pronom qui l’introduit n’a pas d’antécédent et n’est donc pas anaphorique ; introduite par qui (ou tel qui) ou par quoi (de quoi, à quoi) ou par)

Il répétait cela à qui voulait l’entendre.

Qui a bu boira. Apportez-nous de quoi boire.

J’irai où vous allez.

 

         périphrastique : (le pronom qui les introduit n’a pas de véritable antécédent ; le terme qui les introduit, celui ou ce, n’a qu’un sens très général)

 

C’est celui dont on vous a parlé. 

Je ferai ce que vous me direz de faire. (ce que = pronom relatif nominal)

Je ne vois pas ce qui peut vous gêner dans ma proposition. (ce qui = pronom relatif nominal)

Il était très riche, ce que nous ignorions. (ce que = la proposition principale ; fonction de la relative : apposition)

 

2.      complétives                                                             Conjonction de subordination

G.M.F. pp. 491-495                                                                                                              que

 

Il me semble qu’il ne viendra pas.

Qu’il vienne m’étonnerait beaucoup.

Il est exact qu’il est arrivé en retard. (complément de la construction verbale attributive : il est + adj.)

Je m’oppose à ce qu’il vienne.

Je ne le croyais pas, qu’il viendrait.

Fonctions des complétives : toutes les fonctions de la phrase de base (sujet, COD, COI, complément du nom, complément de l’adjectif, détachée)

 

 

3.      circonstancielles                                      Conjonctions de subordination

G.M.F. pp. 503-518                                                                                    (selon le type de circonstance)

 

Fonction des circonstancielles : complément de phrase

4.      interrogatives/exclamatives             Conjonctions de subordination

G.M.F. pp. 499-501                                                                               si (interrogation totale)

             –     où, comment, pourquoi  (interrogation  partielle) 

           –    comme, combien

(exclamatives)

 

Je me demande ce qui se passe. Je ne sais pas ce que vous avez manigancé.

Je ne sais pas comment il va.

 

Fonction des interrogatives / exclamatives : COD du verbe introducteur

 

5.      infinitives      

G.M.F. pp. 495-499     

 

On entendait les enfants jouer.

On entendit pousser des cris.

J’espère n’avoir rien oublié.           

 

6.      participiales    (participe passé ou présent et son sujet, exprimé et distinct du sujet du verbe principal)  

G.M.F. p. 510     

Les invités partis, on se mit à faire les comptes.    Le déjeuner avalé, elle se mit à téléphoner. 

Le professeur étant malade, le cours est annulé.

 

 

Séance du 5 janvier 2009

janvier 4, 2009

 

 

Le mot « tout »

 

 

Le mot tout peut appartenir à 4 catégories grammaticales différentes :

 

Nom :             Des parties qui forment un tout.

 

 

Pronom :      Tout est perdu fors l’honneur.

                        Tous ont bien mangé.

 

Il s’agit d’un pronom indéfini, qui exprime une totalité globalisante (= toutes les choses, tout le monde)

 

1) Déterminant : Tout homme est mortel.

 

 

     2) Déterminant (groupe déterminant) :        Toute la propriété est à vendre.  (a) Elle sort tous les après-midi.

                                                                        Ils vont au cinéma tous les trois jours. (b)

 

a) Dans cet emploi, tout peut exprimer la totalité (a) ou la distribution (b ~ tous les troisièmes jours).

 

b) La grammaire « traditionnelle » considère que tout suivi de le, ce, mon, …, est un adjectif. Elle précise généralement que le mot tout adjectif se place DEVANT le déterminant :

 

Toute la ville en parle.

Tous les participants ont fini la course.

 

Mais, pour la grammaire « moderne » (G.M.F. et même Le bon usage[1]), tout suivi de le, ce, mon, …, est un déterminant ; il forme avec le déterminant qui le suit un groupe déterminant défini.

 

Exemples de groupes déterminants (G.M.F. 158) :

                        J’ai pris le même livre et cet autre ouvrage.

                        Les quelques étudiants présents ont voté.

                        Ses deux mallettes ont été volées à l’aéroport.

 

 

Adverbe :             Ils étaient tout heureux d’avoir vu le Père Noël.

 

 

Le mot tout adverbe est susceptible de varier :

 

Il varie devant un adjectif au féminin commençant par une consonne ou un H aspiré.

 

Elles sont devenues toutes rouges.

Elle était toute habillée de noir.

 

 

Exercices sur le mot « tout »

 

1. Analysez le mot tout :

 

1. Nous devons à nos amis toute notre fidélité. 2. Toute vérité n’est pas bonne à dire. 3. Nous avons marché toute une après-midi dans la forêt. 4. Nous étions toutes joyeuses à l’idée de son retour. 5. Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. (La Fontaine) 6. Nous étions tout ouïes. 7. Tout m’afflige et me nuit, et conspire à me nuire (Racine).

 

 

2. Analysez le mot tout :

 

Nous étions, mon compagnon et moi, tout comprimés dans un laminoir rocheux où nous étions engagés ; tout soudain j’entendis un bruit saccadé, rapide, qui faisait vibrer tout le sol. Tout intrigué, j’invitai mon compagnon, couché à cinq mètres derrière moi, à ne plus remuer et à écouter ; mais il n’entendait rien, alors que je percevais des coups précipités dont la nature m’échappait ; tous pourtant étaient bien résonnants.

Le tout finit par s’éclaircir : les coups, c’étaient les battements tumultueux du cœur de mon camarade ; je les entendais tous à cinq mètres de distance et je les percevais par tout le corps. Le plancher creux sur lequel était couché mon compagnon, tout incroyable que cela paraisse, me les transmettait comme un amplificateur ; nous pouvions même compter toutes les pulsations.

 

D’après Norbert Casteret, Au fond des gouffres, in Grevisse, Exercices de

grammaire française. Bruxelles, De Boeck, 3e éd., 2008.

 

3. Remplacez les points par le mot tout, que vous orthographierez correctement :

1. ………… petits qu’ils sont, ils saisissent quand même les ……… d’une relation. 2. ……… honteuse qu’elle fût, elle a demandé son reste ! 3. ……. Rome est couverte de monuments. 4. Elle est comme absente, ………. à ses souvenirs. 5. Avant de partir …….. une après-midi, appelle la patronne. 6. Mes deux frères, et moi, nous étions ……. enfants. (Hugo). 7. Elle avait une bague …….. en or.  8. Ma première impression fut …….. d’étonnement et de dégoût. (P. Loti).

 

 

 

 

Le groupe nominal : exercices

 

 

1. Remplacez par une épithète les mots en italique :

 

Des eaux claires comme le cristal :

Une femme qui drague la gent masculine :

Un homme qui aime relever des défis, se lancer dans des projets de grande envergure :

Une douleur qui pique, qui étreint :

Des eaux dures comme le calcaire :

Une offre qui semble très intéressante :

Le personnel qui se trouve à bord d’un avion (par opposition à celui qui reste au sol) :

Une plante qui a du venin :

Un achat qui coûte très cher :

Une récompense qui n’est pas méritée :

 

2. Distinguez les épithètes, les épithètes détachées et les appositions.

 

1. Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu’on eût su voir. (Perrault). 2. Il arriva, fringant et rasé de près. 3. Son père avait une passion honteuse : l’organisation de combats entre fourmis rouges et fourmis noires. 4. Toute honte bue, ils s’en allaient, chantant à tue-tête.

 

3. Quels sont les noms collectifs qui signifient :

 

1. L’ensemble des dents. 2. Une réunion de choses mises les unes sur les autres. 3. Une poésie composée de quatre vers. 4. L’ensemble des soldats combattant à pied (sens vieilli). 5. Les clients d’un médecin ou d’un kinésithérapeute (néologisme).

 

4. Précisez la nature et la fonction des syntagmes de cette fable de Jean de La Fontaine :

 

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

 

 

 

5. Distinguez les comparatifs (d’égalité, de supériorité, d’infériorité), les superlatifs absolus, les superlatifs relatifs :

 

Les plus désespérés sont les chants les plus beaux. (Musset). 2. Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes ? C’est pour mieux courir, mon enfant. (Perrault) 3. Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde. On a souvent besoin d’un plus petit que soi. (La Fontaine). 4. Leurs voiles étaient meilleures que les nôtres; le vent les favorisait; leurs rameurs étaient en plus grand nombre: ils nous abordent, nous prennent et nous emmènent prisonniers en Egypte. (Fénelon).

 

 

Le « ne » explétif

 

 

Il s’agit d’une particule qui renforce l’idée d’antériorité, de crainte ou d’inégalité, à ne pas confondre avec un « ne » négatif employé seul (ex. : je ne peux vous répondre).

 

Le « ne » explétif n’a pas de valeur négative ; son emploi est facultatif.

Il s’emploie surtout dans la langue écrite et dans la langue soutenue.

 

 

I. On le rencontre dans une proposition subordonnée après

certaines conjonctions de subordination : avant que, sans que, à moins que, de crainte que, de peur que.

Ex. :     Partez, avant qu’il ne soit trop tard.

             

 

les verbes craindre, avoir peur, redouter, éviter, empêcher :

Ex. :     Il faut éviter que cet incident ne se reproduise.

 

 

 

après les adverbes de doute et de négation employés à la forme négative pour exprimer une idée positive.

Ex. :     Je ne doute pas que vous ne fassiez des progrès.

            Nul doute qu’elle n’ait compris. (= Il est certain qu’elle a compris.)

            Vous ne niez pas que vous n’ayez déjà vu l’assassin présumé.

 

II. On le rencontre également dans les phrases comparatives d’inégalité avec plus…que, moins…que, autre…que.

Ex. :     Vous parlez plus que vous n’agissez.

            Je trouve que ce spectacle est moins bon qu’on ne le dit dans la presse.

 

Extraits de Abbadie, Ch., Chovelon, B., Morsel, M.-H., L’expression française écrite et

 orale. Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1990, p. 65.

Delatour, Y., Jennepin, D., Léon-Dufour, M., Teyssier, B.,

Nouvelle Grammaire du Français. Paris, Hachette, pp. 192-193.

 


[1] Le bon usage parle de « prédéterminant » pour qualifier le tout suivi d’un article ou d’un déterminant démonstratif ou possessif.

Cours du 12 décembre

décembre 10, 2008

 

Trouvez les verbes formés sur la base des termes suivants (le chiffre placé entre parenthèses indique le nombre maximal de verbes possibles).

1)      proche (3)

2)      amour (1)

3)      fil (2)

4)      ténu (1)

5)      croc (3)

6)      ferme (5)

7)      commode (3)

8)   noble (2)

9)      fade (1)

10)  plat (1)

 

 

Donnez les substantifs ou les adjectifs ayant servi de radicaux à chacun des verbes suivants. Indiquez le sens des affixes.

1)      empester

2)      empiéter

3)      empiffrer (s’)

4)      déjeuner

5)      affranchir

6)      arriver

7)      démarrer

8)   disparaître

9)      cogérer

10)  accompagner

11)  préétablir

12)  mésestimer

13)  trébucher

14)  tressaillir

15)  transbahuter

16)  transpercer

17)  juxtaposer

18)  imploser

19)  effaroucher

20)  épousseter

21)  endetter

22)  embarquer

23)  enlever

24)  poursuivre

25)  pourfendre

26)  souligner

 

 

Trouvez les verbes qui correspondent aux définitions suivantes.

1)      Faire passer (qqch.) dans une catégorie, une classe inférieure.

2)      Faire sonner une alarme.

3)      Quitter le sol.

4)      Engager de nouveau.

5)      Perdre l’espoir en.

6)      Rendre plus laid.

7)      Devenir encore plus cher.

8)   Enlever le germe de.

9)      Poser l’un au-dessus de l’autre.

10)  Enlever l’écorce.

11)  Aller au-delà de ce qui est permis, de ce qui est légal.

12)  Apposer une signature à côté d’une autre pour l’authentifier.

13)  Cesser de soutenir qqn.

14)  Assurer le retour d’une personne sur le territoire du pays auquel elle appartient par sa nationalité 

15)  Faire ou fournir le nécessaire pour.

16)  Financer à plusieurs.

17)  Evaluer au-dessus de sa valeur réelle.

18)  Réunir en un point ce qui était dispersé.

 

Donnez le sens des mots à partir des préfixes d’origine grecque.

1)      anesthésie

2)      amphithéâtre

3)      anaphore

4)      archiprêtre

5)      hémisphère

6)      métamorphose

7)      cataracte

8)   épiphénomène

9)      parachute

10)  homéopathie

 

Formez des termes signifiant :

1)      Doctrine qui n’admet pas l’existence de Dieu (théos)

2)      Emigration en masse d’une population (odos, voyage)

3)      Moitié d’un vers (stichos, vers)

4)      Procédé de style consistant à exprimer en plusieurs termes ce que l’on aurait pu dire en un seul (phrasis, expression)

5)      Le fait de replacer ensemble (thésis, action de placer)

6)      Transport, substitution du sens propre d’un terme à un sens figuré (phora, action de porter)

7)      Maladie qui frappe à la fois tout un peuple (dèmos, peuple)

8)   Perte totale de la mémoire (mnêsis, mémoire)

9)      Harmonie dans la disposition des couleurs, des sons (ruthmos, harmonie)

10)  Expression adoucie, par exemple : « Je ne vous retiens pas » pour « Allez-vous-en » (phêmi, je dis)

 

 

Formez des termes qui correspondent aux définitions suivantes :

1)      Mauvais fonctionnement..

2)      Evocation des morts pour connaître l’avenir.

3)      Se dit de mots, de vers qui ont le même nombre de syllabes.

4)      Se dit d’un traitement médical par manipulations sur diverses parties du corps.

5)      Mauvaise sonorité, mélange confus de plusieurs bruits ou voix.

 

 

Formez, à l’aide des noms suivants, des termes désignant l’agent :

1)      graine

2)      hautbois

3)      lampe

4)      mécanique

5)      office

6)      papier

7)      roman

8)   savate

9)      vigne

10)  voyage

 

Formez, à partir des verbes suivants, des substantifs désignant l’agent, l’action ou son résultat:

1)      ergoter (2) :

2)      incliner (2) :

3)      braver (2) :

4)      mordre (2) :

5)      munir (1) :

6)      sevrer (1) :

7)      pendre (8) :

 

 

Trouvez les noms formés à partir des adjectifs suivants :

1)      désœuvré (adj.) :

2)      pédant :

3)      maigre :

4)      las :

5)      étourdi :

6)      truculent :

7)      gourmand :

8)   tendre :

9)      puritain :

10)  fade :

 

 

Formez les diminutifs des termes proposés.

1)      Noble de petite noblesse, ou de noblesse douteuse :

2)      Petit tonneau, baquet :

3)      Petite tumeur purulente à la surface de la peau :

4)      Petite tranche ronde :

5)      Petit fagot pour allumer le feu :

6)      Petite capuche :

7)      Petite charrette campagnarde :

8)   Très petite carpe, petit de la carpe :

9)      Petite bête :

10)  Petit de la souris :

11)  Petit cheval de selle :

12)  Petit balai à manche court :

 

 

Indiquez le procédé de création des mots suivants :

         Un fixe-chaussette :

         Camembérer : Sénégal : sentir affreusement des pieds.

         Mourir dans les cheveux noirs : Bénin : locution verbale. Mourir prématurément.

         Mirette : FAM. un œil.

         Fonctionner : être fonctionnaire.

         Passeport Opthémus (OPéra, THEâtre, MUSique).

         Un plaisir : à l’origine, il s’agissait d’un infinitif.

         Chien chaud : un hot dog au Québec.

         Récré pour « récréation » :

         Unif pour «  université »:

         W.-C. pour water-closed :

         Un ovni :

         Pataterie : Louisiane : lieu où l’on entrepose des patates et des pommes de terre.

         parentisme : Togo : népotisme qui s’étend à toute la parenté, et souvent à l’ethnie.

         mémérer : Québec. Parler à la manière d’une mémère, faire la commère.

         neigeoter : Suisse. Neiger faiblement.

         Taratata : exprime l’incrédulité, la défiance, le mépris.

 

 

 

Cours du 5 mars 2009

décembre 2, 2008

Dans cet extrait d’un ouvrage de Claude Hagège, précisez la nature et la fonction de chaque mot ou syntagme numéroté.

 

Les amants des langues, inspirés par un attachement passionné aux mots, expressions de leur identité (1-2), sont souvent conduits à intervenir directement sur le destin de ce qu’ils aiment. Dans toutes les langues d’Europe, à divers moments de leur histoire, les moyens d’expression ont été renouvelés, afin de répondre aux besoins suscités par des techniques, des conceptions ou des pratiques qui venaient d’apparaître (3). Cette vaste entreprise est tantôt spontanée, tantôt confiée à des experts, sans que ces deux modalités s’excluent nécessairement. Les hommes qui prennent spontanément la charge du destin de leur langue sont des écrivains, des philologues, des folkloristes épris de diversité dialectale (4), ou simplement des patriotes sans qualification professionnelle (5), qui n’ont d’autre mobile que l’attachement au parler maternel (6). Ceux que l’Etat investit officiellement du soin de la langue sont des spécialistes : linguistes, grammairiens, représentants de diverses  disciplines dont la terminologie est en voie d’adaptation à de nouvelles exigences (7). Ils se constituent en commissions d’experts, et leurs décisions revêtent force de loi, bien que les interventions d’individus non mandatés, mais qualifiés et sachant convaincre, n’aient pas moins de portée. Cette action par les deux voies privée et publique couvre bien des domaines : normalisation, c’est-à-dire choix d’un dialecte qui sera réputé norme officielle, dans les nombreux cas où plusieurs sont en concurrence ; fixation d’une forme littéraire, correspondant, le plus souvent, à cette norme supradialectale ; édification néologique, à savoir choix et adoption de termes nouveaux dans des domaines très divers (sciences, industrie, droit, médecine, vie économique et politique, etc. ) ; législation du bilinguisme ou, quand il y a lieu, du plurilinguisme ; dispositions scolaires ; réforme ou, le cas échéant, création d’une écriture (8). Un trait remarquable ici est que l’Europe, où l’orthographe est depuis longtemps, et dans bien des pays, l’objet de soins constants, est le seul continent dont toutes les langues aient une forme écrite, ou du moins l’aient eu, si l’on compte celles qui ne donnent plus lieu aujourd’hui qu’à une littérature orale (sur tous ces points et ceux qui suivent, on trouvera plus de détails dans une autre publication : Hagège, 1983).

De tous ces domaines, le plus intéressant pour notre propos est la néologie. Pour créer des termes nouveaux, qui deviendront des mots si le consensus des usagers les accrédite, la voie principale est l’emprunt. Comme on l’a rappelé plus haut, les langues du continent ont toutes puisé, directement ou indirectement, au fonds gréco-latin, facteur de cohésion, terreau nourricier de la culture européenne (9). Même le letton, qui appartient au monde balte, assez éloigné du monde roman (10), est friand de mots internationaux dérivés de racines latines (11). L’emprunt peut soit introduire sans modification le terme emprunté, soit le traiter par adaptation à la phonétique de la langue d’accueil. On note souvent, à l’égard de l’emprunt, une attitude nationaliste de rejet : les réformateurs préfèrent alors recourir à des racines locales, ou à des associations de ces racines en mots composés immédiatement analysables pour la plupart des usagers (12): ainsi s’opposent l’opacité mondialiste des mots importés et la transparence nationaliste des mots autochtones (13): ce dernier choix est illustré par l’allemand Fernsprecher (« loin + parleur »), préféré aux deux racines grecques su mot Telephon (14), qui produisent le même sens. La solution nationaliste paraît avantageuse, donnant des termes diaphanes. Pourtant, son inconvénient est évident : un terme que l’on rapporte facilement à des racines connues éveille des associations qui peuvent altérer le sens requis ; alors qu’un terme international opaque, précisément parce qu’il n’est pas lesté de ces références locales, est un instrument adéquat : démotivé (15), il peut s’appliquer à un objet ou à un concept précis. Cependant, la solution nationaliste apparaît comme plus démocratique, du fait qu’elle rend le terme nouveau compréhensible à tout usager ordinaire qui ne connaît pas le latin, le grec ou l’anglais (16). Et dans certains cas, ce sont les propriétés de la langue d’accueil, plus que les tentations chauvines, qui justifient le choix nationaliste : ainsi, l’islandais et le finnois se trouvent posséder, chacun sous une forme distincte, une structure syllabique et un système de sons tels que les termes internationaux y seraient défigurés.

Mais même lorsque ces contraintes n’existent pas, les réformateurs de nombreuses langues adoptent une attitude nationaliste, limitant l’emprunt et lui préférant le recours aux racines locales. Tel est le cas pour le tchèque, le hongrois, le lituanien, le letton, le grec moderne. Parfois même, une inspiration purificatrice conduit à chasser les emprunts que des circonstances particulières ont accumulés. Tel fut le choix officiel dans les Etats balkaniques, comme on verra plus bas, ainsi que dans certains des lieux nombreux de la Slovénie à la Lettonie en passant par la Bohême, la Slovaquie et la Suède, où l’allemand depuis le Moyen Âge, a pénétré la langue comme il a pénétré, dans le sillage d’un vaste mouvement de conquête, les classes privilégiées de la société.

L’emprunt n’est pas le seul procédé néologique, si important qu’il soit. On recourt également au calque, aux moyens internes produisant des mots composés et des mots dérivés, ou encore à l’extension de sens, appliquée à un mot déjà existant dans le fonds autochtone. De ces procédés, le premier peut être retenu ici comme illustration de la manière variable dont est vécu le rapport à la langue. Un mot-calque est celui que l’on forme en décalquant un mot étranger à l’aide d’éléments constituants qui, eux, sont autochtones (17), chacun étant  la traduction de l’un des éléments constituants du terme étranger. Autrement dit, la structure est importée, mais le matériau est local.

Ainsi, dès l’époque classique, la traduction d’ouvrages français, allemands et anglais, dont bien des termes étaient eux-mêmes calqués sur le latin ou le grec, a introduit en russe, à côté d’emprunts directs (amfiteatr, atmosfera, formula, instrument, etc.), de nombreux calques, qui en font une langue slave occidentalisée. On relève, par exemple, pred-rassudok, so-derzat’, calqués, respectivement, sur pré-jugé et sur con-tenir, ainsi que bien d’autres mots, contemporains d’une époque d’affectation francomane que tempéraient en quelque mesure au milieu du XVIIIe siècle, les recommandations du célèbre poète et grammairien Lomonossov (18). Quand, vers le milieu du XIXe siècle, l’idéalisme allemand commença d’intéresser la société cultivée en Russie, alors apparurent, notamment dans le lexique savant, de nouveaux calques, tels que miro-voz-zrenie, sur Welt-an-schauung, soit « vision du monde ». Tous les phénomènes présentés ci-dessus établissent clairement que le recours aux calques, comme l’attitude adoptée dans le débat sur l’emprunt, sont des indices du degré d’attachement nationaliste des usagers à l’égard de leur langue (19).

 

Hagège, C., Le souffle de la langue, Paris,

Odile Jacob, 1992, pp. 179-182.